La blockchain, nouvel atout pour le médical

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Anca Petre, nous explique l’intérêt de la blockchain pour le secteur médical.

Techniques de l’ingénieur : Qu’est-ce que la blockchain dans le médical?

Anca Petre : La blockchain est un outil. La plupart du temps, les données sont stockées de manière centralisée dans des bases de données conservées par des entreprises. Avec la blockchain, la même information sera stockée dans une multitude de bases de données d’entreprises différentes. L’information est sécurisée et est partagée dans un réseau où tout le monde peut avoir de la visibilité. Pour mettre à jour une information, tous les acteurs doivent être d’accord. On ne peut jamais modifier ce qui a été enregistré, il est seulement possible d’enregistrer une nouvelle version de la donnée, ce qui permet de suivre son évolution.

En santé, la blockchain permet de s’assurer que les informations échangées dans le réseau sont fiables et sécurisées. L’intérêt n’est pas d’y stocker toutes les données de santé, mais plutôt de choisir celles qui sont critiques ou sensibles et qu’il faut authentifier, protéger et tracer. Elle sert par exemple à tracer un médicament de façon transparente pour redonner de la confiance dans les produits de santé surtout sur les marchés émergents où la contrefaçon est un enjeu de santé publique important. L’intérêt est également d’enregistrer des droits d’accès. Concrètement, on enregistre dans la blockchain le fait que le médecin X a ou non le droit d’accès aux informations du patient Y. Si le médecin X demande l’accès, le logiciel vérifie ce qui est enregistré dans la blockchain. Si l’accord a été donné, alors il pourra y accéder, sinon l’accès sera refusé.

E.T.I. : Concrètement, comment cela fonctionne-t-il?

A.P. : La blockchain est une architecture informatique qui permet d’enregistrer des informations dans ce que l’on appelle des blocs qui sont des structures de données. Dès que le réseau valide un certain nombre de transactions, il va les mettre dans un bloc. Les prochaines transactions seront dans un autre bloc qui sera relié au premier et ainsi de suite, pour former une chaîne de blocs.

La même blockchain, avec les mêmes informations, est enregistrée dans plusieurs ordinateurs, appelés « nœuds ». Plus on souhaite sécuriser la donnée, plus on augmente le nombre de nœuds dans le réseau. De quelques-uns jusqu’à des dizaines de milliers.

de la technologie, l’anticipation de l’impact sur l’organisation et la mise en place de projets de A à Z. Nous participons également à des groupes de travail internationaux. Dans le cadre du projet PHUSE, le but est par exemple de trouver une façon de sécuriser le circuit de données issues des essais cliniques.

Nous essayons également d’approcher les régulateurs et les autorités civiles. Il est important pour les acteurs qui s’intéressent à la blockchain dans le secteur de la santé de comprendre la position des autorités sur cette technologie et sur son utilisation dans des contextes très réglementés. Par ailleurs, nous espérons pouvoir échanger avec les porteurs de la mission parlementaire en cours sur la blockchain afin d’y apporter la vision de l’industrie de la santé et mettre en lumière ces applications encore peu connues de la blockchain.

Posté le 20 septembre 2018 par Iris Borel

Propos recueillis par Matthieu Combe, journaliste scientifique